(Sheldon Cooper et Leonard Hofstader sont en chemin pour un centre de dons de sperme.)
SHELDON : Si un photon est émis vers un écran percé de deux fentes, et que chaque fente est observée, il ne passera pas par les deux fentes. S'il n'est pas observé il passera. Cela dit, s'il est observé après avoir traversé l'écran mais avant qu'il atteigne sa cible, il n'aura pas traversé les deux fentes.
LEONARD : Je sais. Où tu veux en venir ?
(Ils entrent dans la salle d'attente.)
SHELDON : Nulle part, mais c'est pas une mauvaise idée pour un t-shirt.
(Ils s'approchent de la secrétaire médicale, occupée à faire des mots croisés.)
LEONARD : Excusez-moi.
SECRETAIRE : Une seconde.
(Impatient, Leonard se penche sur le magazine.)
LEONARD : (en montrant à la secrétaire) Alors là, vous avez la mer Egée. En dessous c'est Nabokov et puis de l'autre côté c'est Myriam. Juste en dessous - poussez votre doigt- phylum, ce qui nous donne évidemment, Port-au-Prince. (La secrétaire le regarde d'un air perplexe.) Oui, Papa Doc, la capitale d'Haiti, Port-au-Prince.... C'est une île.
SECRETAIRE : Je peux vous aider ?
LEONARD : Oui. (Il jette un regard à Sheldon qui acquiesce). Euh... C'est ici, la banque du sperme des surdoués ?
SECRETAIRE : Si vous posez la question, vous n'êtes pas si doué que ça.
SHELDON : Oui, oui, oui, je crois que c'est bien ici.
SECRETAIRE : (leur tend des formulaires.) Remplissez ça.
LEONARD : Merci. On en a pour une minute.
(Ils vont s'asseoir.)
SECRETAIRE : Prenez votre temps. J'ai pas encore terminé mes mots croisés. (Regarde son magazine.) Oh, quoi que.
(Leonard commence à remplir son formulaire tandis que Sheldon hésite.)
SHELDON : Leonard, ça me met mal à l'aise tout d'un coup.
LEONARD : Tu rigoles ou quoi ? T'es presque un pro.
SHELDON : Non, franchement, c'est de l'arnaque. On n'a aucune garantie que notre sperme donnera naissance à des enfants hyper brillants, réfléchis un peu. J'ai une soeur qui a le même A.D.N que moi, et qui est hôtesse dans un fast-food !
LEONARD : Sheldon, c'est toi qui a eu cette idée. Tu m'as dis que c'était pour qu'on puisse s'acheter une ligne internet T1 fonctionnelle.
SHELDON : Oui c'est vrai, j'aimerai pouvoir faire des téléchargements plus rapides. Mais il y a une pauvre femme qui va mettre tous ses espoirs dans mon sperme. Imagine si elle se retrouve avec un rejeton qui ne saura pas s'il doit utiliser une intégrale ou une différentielle pour calculer la superficie sous une courbe.
LEONARD : Je suis sûr qu'elle l'aimera quand même.
SHELDON : Moi je pourrais pas.
(Leonard préfère ne pas insister.)
LEONARD : Bon. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
SHELDON : Moi je me tire d'ici.
LEONARD : Ok.
SHELDON : Quelle est la procédure pour annuler ?
LEONARD : Je ne sais pas, je ne suis jamais revenu sur une promesse de don de sperme.
(Sheldon regarde autour de lui.)
SHELDON : On a qu'à partir sans rien dire.
LEONARD : Oui.
(Ils regardent la secrétaire qui semble occupée et posent discrètement leurs formulaires sur la table basse. Ils se lèvent et se dirigent à pas de loups vers la porte.)
SECRETAIRE : Aurevoir.
LEONARD & SHELDON : Aurevoir !
LEONARD : Merci beaucoup !
********
(Leonard et Sheldon montent les escaliers de leur immeuble.)
SHELDON : Tu m'en veux encore pour la banque du sperme ?
LEONARD : Non...
(Un silence s'installe. Mais Sheldon est trop bavard.)
SHELDON : Tu veux savoir un truc intéressant sur les escaliers ?
LEONARD : Pas vraiment.
SHELDON : Si la hauteur d'une marche dépasse celle des autres, même de deux millimètres, la plupart des gens trébuchent.
LEONARD : (agacé.) J'en ai rien à cirer. (Il réagit à l'anecdote). Deux millimètres ? Non mais c'est n'importe quoi !
SHELDON : Non c'est vrai, j'ai fais une série de tests quand j'avais douze ans. Et mon père s'est cassé la clavicule.
LEONARD : Ah c'est pour ça que tu t'es retrouvé en pension ?
SHELDON : Non. Ca c'était à cause de mes travaux sur les lasers.
(Ils arrivent à leur appartement. Sheldon s'apprête à ouvrir quand Leonard remarque que la porte d'en face est ouverte. Une sublime jeune femme blonde, du nom de Penny, y écoute de la musique.)
LEONARD : Une nouvelle voisine ?
SHELDON : Ca m'en a tout l'air.
LEONARD : Ca fait un drôle de changement après le vieux qu'on avait.
SHELDON : Le travesti avec ses problèmes d'acné et qui pesait une tonne ? Oui, ça c'est sûr.
(Penny se retourne et remarque la présence des deux colocataires.)
PENNY : Oh, bonjour !
LEONARD : Bonjour !
SHELDON : Bonjour !
LEONARD : Bonjour !
SHELDON : Bonjour.
PENNY : Ca va ?
LEONARD : On veut surtout pas vous déranger, on habite en face.
PENNY : (d'un air attendri) Oh, c'est génial !
LEONARD : Oh euh... Mais on vit pas ensemble hein, comment dire euh... On vit ensemble mais... séparés. On est hétéro, chacun sa chambre.
SHELDON : Oui.
PENNY : Oh d'accord je vois. Eh bien, je me présente, Penny.
LEONARD : Ah. Leonard, (en montrant Sheldon), Sheldon.
PENNY : Salut !
LEONARD : Salut !
SHELDON : Salut.
PENNY : Salut !
LEONARD : Salut ! (Il cherche quoi dire.) Bien euh... Bienvenue dans l'immeuble !
PENNY : Oh c'est gentil ! J'espère qu'on prendra un café un de ces quatre !
LEONARD : Oh oui !
SHELDON : Ouais.
PENNY : Ouais !
LEONARD : Oui.
SHELDON : Ouais.
LEONARD : Bon euh, à plus !
PENNY : A plus !
SHELDON : A plus.
LEONARD : A plus ! (Penny ferme la porte. Sheldon va ouvrir l'appartement.) On aurait peut-être dû l'inviter à déjeuner.
SHELDON : Non, on va regarder la saison 2 de Battlestar Galactica ! (Il ouvre.)
LEONARD : On a déjà vu la saison 2 en dvd.
SHELDON : Mais pas avec les commentaires.
(Ils entrent dans leur appartement.)
LEONARD : C'est très important d'avoir de bons voisins ! Invitons-la chez nous pour la mettre à l'aise.
SHELDON : On n'a jamais invité Louis, enfin je veux dire Louise, chez nous.
LEONARD : Eh bien justement, on aurait dû le faire. Elargissons notre cercle d'amis.
SHELDON : Moi je l'ai déjà largement élargi mon cercle. J'ai 212 amis sur mon site internet.
LEONARD : Ouais, mais t'en as jamais rencontré aucun.
SHELDON : Et ben c'est ça qui est magnifique.
(En se dirigeant vers le couloir.)
LEONARD : Je vais l'inviter chez nous, on va bien manger et puis... on discutera.
SHELDON : Quoi ?! Mais, on ne discute jamais, sauf en ligne ! (Il suit Leonard dans le couloir.)
LEONARD : Tu verras, c'est pas difficile ! Tu n'auras quà écouter ce qu'elle te dit et ensuite, tu lui répondras de manière intelligente ! (Il frappe à la porte de Penny.)
SHELDON : A quoi ça sert ?
(Penny ouvre.)
LEONARD : Salut ! Encore nous !
PENNY : Salut !
SHELDON : Salut.
LEONARD : Salut.
PENNY : (amusée.) Salut.
LEONARD : Comment dire... On va manger indien aujourd'hui... (il lui montre un paquet). Et euh... déménager c'est drôlement fatiguant, et j'ai remarqué un truc, quand je suis stressé, un bon repas en bonne compagnie ça me réconforte tout de suite ! En plus, le curry est un laxatif naturel et vous savez sûrement que, un côlon bien nettoyé, ça fait une chose en moins à penser !
(Penny ne semble pas comprendre, tandis que Sheldon est perplexe.)
SHELDON : (à Leonard). Je suis pas expert en la matière mais, dans le contexte d'une invitation à déjeuner, vaut mieux s'abstenir de parler de transit intestinal.
PENNY : Oh, oh ! Vous voulez m'inviter à déjeuner ?
LEONARD : Euh... Oui c'est ça !
PENNY : Oh c'est trop gentil, avec grand plaisir !
LEONARD : Super !
PENNY : (en sortant de son appartement.) Au fait ! Qu'est-ce que vous faites pour vous amuser ?
(Ils se dirigent vers l'appartement de Sheldon et Leonard.)
SHELDON : Aujourd'hui on a essayé de se masturber pour de l'argent.
(Leonard se tourne vers lui, lui lançant un regard pour qu'il se taise.)
THE BIG BANG THEORY
(Leonard, Sheldon et Penny sont dans l'appartement des deux garçons.)
LEONARD : Soyez la bienvenue, faites comme chez vous.
PENNY : Oh, merci.
LEONARD : Mais je vous en prie.
SHELDON : (tout bas à Leonard). "Mais je vous en prie".
(Penny s'approche du tableau de Sheldon.)
PENNY : Oh là là, c'est du sérieux ! Leonard, c'est vous qui avez écrit ça ?
(Sheldon s'approche du tableau).
SHELDON : Non, non ! C'est moi.
PENNY : Wow !
SHELDON : C'est pas très difficile. C'est de la mécanique quantique, plus une de mes théories que j'ai rajouté en bas. Ces équations là, c'est pour m'amuser. J'ai réinventé l'approximation de Bourne-Oppenheimer.
PENNY : Ah oui, vous êtes du genre super doué en maths, vous êtes un génie, c'est ça ?
SHELDON : Tout à fait.
PENNY : Alors là je suis impressionnée !
(Leonard, près de son propre tableau.)
LEONARD : Regardez, moi aussi j'ai un beau tableau.
(Penny s'approche de Leonard et de son tableau.)
PENNY : Oh dis donc, la vache !
SHELDON : Si vous utilisez le mot "vache" comme un terme plus civilisé que toutes ces choses que les étudiants gribouillent dans les toilettes pour hommes au M.I.T, vous avez raison.
LEONARD : Quoi ?
SHELDON : Quoi "quoi" ? (En montrant le tableau de Leonard). T'as jamais vu cette différentielle sous la phrase "j'ai le coeur brisé" ?
LEONARD : En tout cas moi j'ai pas inventé 26 dimensions juste pour me faire mousser auprès des autres.
SHELDON : Je ne les ai pas inventé puisqu'elles existent !
LEONARD : Dans quel univers ?
SHELDON : Dans tout les univers, précisément.
PENNY : (assise sur le canapé à la place de Sheldon.) Eh, est-ce que je peux commencer ? (Elle montre la nourriture du doigt.)
SHELDON : Ah Penny ?
PENNY : Oui ?
SHELDON : Là, c'est là où je m'asseois.
PENNY : Mettez-vous à côté de moi.
SHELDON : Non, je veux m'asseoir là.
PENNY : Qu'est-ce que ça change ?
SHELDON : Qu'est-ce que ça change ?
LEONARD : (rejoint son fauteuil.) C'est reparti.
SHELDON : En hiver cette place est suffisamment proche du radiateur, du coup elle est bien chaude, sans causer pour autant un phénomène de transpiration. Et en été c'est pratique, parce qu'elle est dans l'axe d'une petite brise provoquée par l'ouverture de nos fenêtres. Elle est en face de la télévision sans être tout à fait à angle droit, ce qui décourage la conversation, mais ça ne cause pas d'erreur de paralaxe, je pourrais continuer longtemps mais... Je crois que je me suis fait comprendre.
PENNY : Euh, vous voulez que je bouge ?
SHELDON : Et bien-
LEONARD : Va t'asseoir ailleurs.
SHELDON : Ah bon... Très bien.
(Il cherche où s'asseoir, tourne en rond, jusqu'à ce que Leonard mette fin à la situation.)
LEONARD : Sheldon, assis !
(Sheldon s'asseoit finalement à l'autre bout du canapé.)
SHELDON : (faussement soulagé). Aaaaah.
(Ils se servent à manger.)
LEONARD : On est bien comme ça. On ne reçoit pas beaucoup de monde chez nous.
SHELDON : Non c'est faux, Koothrappali et Wolowitz viennent tout le temps.
LEONARD : Je sais mais...
SHELDON : (à Penny). Mardi soir on a joué au Scrabble jusqu'à une heure du matin.
LEONARD : Ca je m'en souviens bien.
SHELDON : (à Leonard). Je déteste que tu dises qu'on ne reçoit personne-
LEONARD : Je suis désolé-
SHELDON : Ca donne une image négative-
LEONARD : (hausse le ton.) J'ai dit "je suis désolé" !
PENNY : Alors comme ça, vous jouez au Scrabble ?
LEONARD : Oui. Il faut bien s'amuser un peu. C'est facile à ranger. (Penny sourit). Bon assez parlé de nous, on veut en savoir plus sur vous.
PENNY : Euh moi ? Ok. Je suis Sagittaire, ce qui vous donne sûrement beaucoup d'informations.
SHELDON : Oui, ça nous indique clairement que vous cautionnez l'idée de cette culture populaire que la position du Soleil par rapport à des constellations situées de façon aléatoire dans le ciel, au moment de votre naissance, affecte votre personnalité.
PENNY : Qu'est-ce que je cautionne ?
LEONARD : Je crois qu'il a voulu dire... que Sagittaire, on n'y aurait pas pensé tout de suite.
PENNY : Oh ! Oui, y'a plein de gens qui pensent que je suis d'un signe d'eau. (Sheldon regarde Leonard d'un air agacé, mais celui-ci lui fait signe de ne rien dire.) Voyons quoi d'autre ? Oh ! Je suis végétarienne. Sauf pour le poisson, et de temps en temps un steak, j'adore les steaks ! Voilà.
SHELDON : Moui, c'est intéressant. Leonard ne digère pas le maïs.
(Leonard tourne la tête, embarassé.)
LEONARD : Au fait, est-ce que vous avez aussi un job ?
PENNY : Oh oui. Je suis serveuse au Cheesecake Factory.
LEONARD : Ah ! J'adore le cheesecake.
SHELDON : Tu supportes pas le lactose !
LEONARD : Aborder ce sujet n'est pas une bonne idée.
PENNY : Ah et j'oubliais, j'écris aussi un scénario en ce moment, c'est sur une fille très sensible qui arrive à Los Angeles mais qui vient du Nebraska pour être actrice et qui finalement se retrouve serveuse au Cheesecake Factory.
LEONARD : Donc c'est basé sur votre vie ?
PENNY : Non moi je suis d'Omaha.
LEONARD : Ah oui, oui oui. (Sheldon est perplexe.) Eh bien, si c'était un film, j'irais le voir !
PENNY : Ce serait bien ! Et voyons, quoi d'autre ? C'est tout. Je vous ai tout dit. C'est l'histoire de ma vie.
LEONARD : Elle semble merveilleuse.
PENNY : (souriante depuis le début, une expression de tristesse couvre son visage). Oui j'étais heureuse. Jusqu'à ce que je tombe amoureuse d'un crétin. (Elle se met à pleurer).
SHELDON : (tout bas à Leonard). Qu'est-ce qu'il se passe ?
LEONARD : (chuchote à Sheldon). Qu'est-ce que j'en sais ?
PENNY : (en pleurant). Vous vous rendez compte, quatre ans avec lui ! Quatre ans de ma vie, ça a été aussi long que le lycée !
SHELDON : Vous avez passé quatre ans au lycée vous ?
(Leonard lui fait signe de se taire.)
PENNY : C'est dingue, comment j'ai pu lui faire confiance ?
(Elle se lève pour prendre des essuies-tout, et Sheldon en profite pour reprendre sa place.)
LEONARD : (tout bas à Sheldon.) Je devrais aller lui parler ? Je sens que je devrais aller lui parler.
SHELDON : Toi ? Surtout pas, ce serait pire.
(Penny se retourne vers eux.)
PENNY : Vous savez ce qu'il y a de plus terrible ? Même si je le déteste, c'est un menteur, un ingrat... Je suis toujours amoureuse de lui ! C'est vraiment dingue non ?
SHELDON : Oui.
(Leonard jette un regard vers Sheldon et se tourne de nouveau vers Penny.)
LEONARD : Oh mais non, c'est pas dingue du tout, simplement... c'est paradoxal ! Les paradoxes, y'en a plein dans la nature ! Prenons la lumière. Selon les traveux de Huygens, la lumière est une onde, comme l'a montré l'expérience des deux fentes, cependant, selon le grand Albert Einstein, la lumière peut aussi se comporter comme une particule. (La réaction de Penny ne change pas.) Bon d'accord, je l'ai pas aidé mais c'est pas pire !
PENNY : Excusez-moi, ça va pas très fort en ce moment. Et par dessus le marché en plus de ce fichu déménagement, y'a ma douche qui marche pas.
LEONARD : La nôtre fonctionne.
PENNY : Ca vous embêterait pas si je pouvais l'utiliser ?
SHELDON : Si.
LEONARD : Non.
SHELDON : (à Leonard). Non ?
LEONARD : (à Sheldon). Non !
SHELDON : (à Penny). Non !
LEONARD : (à Penny). Elle est juste derrière. (Il lui montre le couloir.)
PENNY : D'accord, merci. Vous êtes vraiment très mignons.
(Elle part à la salle de bains, et ferme la porte, tandis que les deux garçons la suivent du regard.)
SHELDON : Moi j'attends avec intérêt la suite des évènements.
(Il part dans la cuisine, suivit par Leonard.)
LEONARD : Comment ça ?
SHELDON : Ben ça fait un moment qu'une femme ne s'est pas mise à poil dans notre appartement.
LEONARD : C'est pas vrai. Tu te souviens, à Thanksgiving, ma grand-mère qu'a Alzheimer elle s'est déshabillée devant nous !
SHELDON : Bon d'accord. Mais ça fait un moment qu'une femme ne s'est pas mise à poil dans notre appartement sans qu'on hurle "au secours".
LEONARD : Mais le pire c'est quand elle a découpé la dinde.
SHELDON : (il s'ouvre une bouteille.) Dis donc, où tu veux en venir exactement avec cette fille ?
LEONARD : Qu'est-ce que tu veux dire ?
SHELDON : Rêve pas, elle ne va sûrement pas coucher avec toi.
LEONARD : Mais je n'ai pas la moindre intention de coucher avec elle.
SHELDON : Ah bon. Ben comme ça tu seras pas déçu.
LEONARD : Mais, qu'est-ce qui te fait dire qu'elle ne couchera pas avec moi ? Je suis un homme et elle c'est une femme.
SHELDON : Oh oui, c'est vrai. Mais vous n'êtes pas de la même espèce.
LEONARD : Je ne formule aucune hypothèse sur le sujet, j'essaie seulement d'être un bon voisin.
(Sheldon retourne s'asseoir, tandis que Leonard s'appuie contre une poutre.)
SHELDON : Oh oui bien sûr !
LEONARD : Mais si une relation charnelle devait naître entre nous deux, je ne dirais probablement pas non. (Il regarde en direction de la salle de bain.) Pas trop longtemps quand même. (Il s'approche du canapé.)
SHELDON : Tu ne crois pas que tu risques de perdre toutes tes chances quand elle va s'apercevoir que ton shampoing porte le nom ridicule de Luke Skywalker ?
LEONARD : C'est Dark Vador mon shampoing. (On frappe à la porte.) Luke Skywalker c'est mon démêlant.
(Il ouvre. Howard Wolowitz et Rajesh Koothrappali entrent.)
HOWARD : (en montrant un CD-rom.) Il faut que tu vois ça !
RAJ : C'est fantastique ! C'est phénoménal !
LEONARD : C'est- c'est quoi ?
HOWARD : C'est une conférence de Stephen Hawking au M.I.T de 1974.
LEONARD : C'est pas le bon moment.
HOWARD : (en faisant vibrer ses lèvres avec son doigt.) C'est avant qu'il ait une sinistre voix de synthèse.
(Howard s'installe sur le canapé, tandis que Sheldon sert une bouteille d'eau à Raj.)
LEONARD : Génial, mais il faut partir.
RAJ : Pourquoi ?
LEONARD : Parce que c'est pas le bon moment !
SHELDON : Leonard a invité une femme chez nous.
HOWARD : Ah oui, c'est ta grand-mère qui a redébarqué ?
LEONARD : Non ce n'est pas une femme âgée, c'est notre nouvelle voisine.
HOWARD : (soudainement). Tu rigoles ? Y'a une nana ici ?
LEONARD : Hin-hin.
HOWARD : Et tu veux qu'on dégage parce que tu espères un coït ?
LEONARD : J'ai jamais dis que j'espérais un coït.
HOWARD : Elle serait partante pour un coït ?
LEONARD : Je t'en prie ! Arrête de dire "coït".
SHELDON : Techniquement, vaut mieux dire "coït interrompu".
(Raj acquiesce. Penny sort de la salle de bain, portant juste une serviette sur elle.)
PENNY : Dites ! Comment faut faire pour passer du bain à la douche ? (Elle se rend compte que Leonard et Sheldon ne sont plus seuls). Oh, pardon. Bonjour !
HOWARD : Enchanté, mademoiselle ! Howard Wolowitz. Je travaille au département de physique appliquée, vous avez peut-être entendu parler de mon appareil ? Qui est en orbite autour de Jupiter et qui prend des photos numériques à grande résolution ?
PENNY : Penny ! Je bosse au Cheesecake Factory.
LEONARD : Je vais vous expliquer pour la douche.
PENNY : D'accord.
(Ils partent ensemble vers la salle de bain.)
HOWARD : "Lekolo douch."
PENNY : Hein ? Comment ? Qu'est-ce que vous dites ?
HOWARD : C'est du hollandais, je peux dire "bonne douche" en six langues différentes.
(Penny hoche de la tête.)
LEONARD : Garde ça pour ton blog Howard.
(Penny le suit à la salle de bain.)
HOWARD : "Singatang Wajaho."
(Dans la salle de bain. Leonard active la pomme de douche.)
LEONARD : Voilà, c'est bon. Ca coince un peu, désolé.
PENNY : (en montant dans la baignoire et en fermant le rideau de douche.) C'est rien merci.
LEONARD : Je vous en prie. Ah vous y allez directement ? D'accord. (Il s'apprête à sortir.)
PENNY : Leonard !
LEONARD : Le shampoing est à Sheldon !
PENNY : Oh ? Ah bon ! (Elle jette sa serviette par-dessus le rideau.) Je peux vous demander un petit service ?
LEONARD : Un petit service ? Je serais extrêmement honoré de vous rendre un petit service.
PENNY : Vous pouvez dire non !
LEONARD : Oh, je vais probablement dire "oui".
PENNY : Mais, c'est pas le genre de choses qu'on demande à un garçon qu'on vient de rencontrer.
LEONARD : Wow.
(Quelques instants plus tard. Leonard est en voiture avec Sheldon.)
SHELDON : Il serait judicieux d'examiner le rapport de cause à effet.
LEONARD : Pourquoi ?
SHELDON : En premier lieu, une très belle fille se déshabille dans notre salle de bain et juste après, on traverse la moitié de la ville pour récupérer un poste de télé, chez l'ex-petit ami de la dénommée Penny. Question, dans quel type d' univers existerait-il un rapport rationnel entre ces deux faits précis ?
LEONARD : Elle m'a demandé de lui rendre un petit service.
SHELDON : Oh oui, c'est sans doute la cause proximale de notre virée. Mais nous savons tout les deux qu'elle ne prend tout son sens qu'en contraste avec une cause distale.
LEONARD : Laquelle ?
SHELDON : Tu penses avec ton pénis.
LEONARD : C'est biologiquement impossible ! Et tu n'étais pas forcé de m'accompagner !
SHELDON : Oh c'est ça ! J'aurais dû rester à la maison pour voir Wolowitz draguer Penny en russe, en arabe et en persan. Pourquoi elle va pas la chercher elle-même sa télé ?
LEONARD : Tu sais bien comment ça se passe quand on se sépare !
SHELDON : Non je sais pas ! Et toi non plus.
LEONARD : Moi ?! J'ai rompu avec Joyce Kim !
SHELDON : T'as pas rompu avec elle, elle est passée à l'ennemi en Corée du Nord !
LEONARD : Parce qu'elle avait le coeur brisé. (Sous le regard de Sheldon.) La situation de Penny est bien moins compliquée, apparemment il y a un petit désaccord entre elle et son ex-petit copain concernant leur poste de télé. Elle voulait surtout éviter de se disputer avec lui.
SHELDON : Alors c'est nous qui allons nous faire tabasser ?
LEONARD : Non, non, ça va, ça va très bien se passer ! On est deux nous, enfin, de quoi t'as peur ?
SHELDON : A nous deux, on peut même pas porter une télé !
(Dans l'appartement de Sheldon et Leonard. Raj mange et Penny essaie d'entamer la conversation.)
PENNY : Donc vous travaillez avec Leonard et Sheldon à l'Université ? (Raj tourne la tête pour ne pas la regarder, et ne répond rien.) Pardon, vous ne parlez pas notre langue ?
HOWARD : (revient avec deux briquettes de jus de fruits). Oh si il la parle, mais il ne s'adresse pas aux femmes.
PENNY : Ah bon ? Pourquoi ?
HOWARD : C'est un intello coincé. (Il tend une briquette à Penny). Un petit jus d'orange ?
(De leurs côtés, Leonard et Sheldon arrivent devant l'immeuble de l'ex de Penny. Leonard appuie sur le bouton de l'interphone de l'appart de l'ex.)
LEONARD : (à Sheldon.) C'est moi qui parle.
EX : Ouais ?
LEONARD : Euh, c'est Leonard et Sheldon.
SHELDON : Bonjour !
LEONARD : (chuchote). Mais arrête !
EX : Vraiment.
LEONARD : Euh on vient chercher la télé de Penny.
EX : Foutez le camp !
SHELDON : D'accord, merci beaucoup.
(Il s'apprête à partir mais Leonard le rattrape par le bras.)
LEONARD : Mais on va pas baisser les bras comme ça !
SHELDON : Sa télé est dans cet immeuble, on nous refuse l'accès à cet immeuble, donc c'est terminé.
LEONARD : Dis donc mon pote ! Si je baissais les bras à la première anicroche, j'aurais jamais été capable d'identifier les empreintes de la théorie des cordes dans les conséquences du Big Bang !
SHELDON : Je te présente mes excuses. C'est quoi ton plan ? (Leonard s'approche des portes et tirent dessus.) C'est un grand privilège de voir ton cerveau au travail.
LEONARD : Oh mais arrête. A nous deux on a un Q.I de 360, on va bientôt trouver une solution pour entrer dans cet immeuble pourri.
(Deux petites filles avec des gâteaux à vendre appuient sur tout les boutons en même temps et ouvrent la porte.)
SHELDON : A ton avis elles ont combien de Q.I ?
LEONARD : Rattrape la porte ! (Ils se précipitent dans l'immeuble. Ils arrivent ensuite devant l'appartement de l'ex.) C'est là. (Leonard frappe.) C'est moi qui parle.
SHELDON : Bonne idée, moi je serais monsieur muscles.
(L'ex, barraqué, ouvre.)
EX : Ouais ?
LEONARD : (moins confiant). Je suis Leonard et lui c'est Sheldon.
SHELDON : On se connaît par interphone.
EX : Comment vous êtes entrés dans l'immeuble ?
LEONARD : Euh... On est des scientifiques.
SHELDON : (à l'oreille de Leonard). Dis-lui combien on a de Q.I. (Quelques minutes plus tard, ils ressortent de l'immeuble, sans leurs pantalons). Leonard.
LEONARD : Quoi ?
SHELDON : C'était ma mère qui m'avait offert ce pantalon.
LEONARD : Je suis désolé.
SHELDON : Oui ben c'est toi qui va l'appeler.
*******
(Sheldon et Leonard rejoignent leur appartement.)
LEONARD : Franchement, je m'en veux de t'avoir mêlé à cette histoire.
SHELDON : Oh c'est pas grave. C'est pas la première fois que je perd mon pantalon et ce sera pas la dernière.
LEONARD : T'avais deviné ma vraie motivation. J'avoue que je me suis dit que j'avais une chance de sortir avec Penny et qu'un jour ça pourrait se concrétiser au lit.
SHELDON : Remarque, on est déjà en caleçon.
LEONARD : Mais au moins j'ai retenu la leçon. Cette fille est trop bien pour moi, je l'oublie et je me consacre à mon boulot. Un jour je remporterai le Prix Nobel et je mourrai tout seul.
SHELDON : Dis pas des trucs pareils, tu vas pas mourir tout seul !
LEONARD : Oh merci mon vieux. T'es un bon copain.
SHELDON : Mais t'auras sûrement pas le Prix Nobel.
(Dans l'appart'. Howard et Raj sont occupés sur l'ordi, observés par Penny.)
HOWARD : C'est un de mes endroits préférés pour me relaxer après une mission. (On voit l'écran de l'ordinateur nous montrant qu'il joue à World Of Warcraft). Ils ont une bière maison super.
PENNY : Ah ! Cool le tigre.
HOWARD : Ouais, je l'ai depuis le niveau 10. Il s'appelle Bouton. Mais, si vous aviez aussi votre personnage, on pourrait faire une petite partie tout les deux.
PENNY : Ca m'a l'air très intéressant.
HOWARD : Vous allez y penser ?
PENNY : Oh, me connaissant je vais pas arrêter d'y penser.
RAJ : (se penche vers Howard). Oui, ça c'est bien joué.
(Leonard et Sheldon entrent.)
LEONARD : Nous voilà.
PENNY : Oh ! Mon Dieu, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
LEONARD : Ben, votre ex-petit copain vous salue bien, quant à notre accoutrement je crois qu'il n'y a pas besoin d'explications.
PENNY : C'est horrible, je suis vraiment désolée ! Je me suis dit que si vous y alliez à ma place il vous recevrait bien !
LEONARD : Oui, ça c'est un argument qui tient la route.
SHELDON : "Oui ça c'est un argument qui tient la route", mais qu'est-ce qu'il te prend de dire ça ?
PENNY : Je vous remercie du fond du coeur de m'avoir rendu un si grand service. (Elle les sert chacun leur tour dans ses bras). Oh, vous êtes tellement mignons ! Mais euh... vous devriez vous rhabiller, je vais chercher mon sac, je vous invite tout les deux à dîner.
LEONARD : Oh génial !
SHELDON : Merci.
PENNY : Ouais, de rien.
(Elle sort et va dans son appart'.)
SHELDON : (à Leonard). T'es toujours aussi fou d'elle ?
LEONARD : Nos bébés seront super beaux et surdoués.
SHELDON : Seulement dans tes rêves mon cher.
(Dans la voiture, avec Howard, Raj', Penny, Sheldon et Leonard.)
LEONARD : Ca vous va un resto thaïlandais ?
PENNY : Oui !
SHELDON : C'est hors de question, on a eu de l'indien au déjeuner.
PENNY : Et alors ?
SHELDON : Les deux sont à base de curry.
PENNY : Et alors ?
SHELDON : Sur un plan gastronomique c'est redondant. (A Leonard). Je crois qu'on va être obligé de lui expliquer beaucoup de choses.
PENNY : (à Raj'). T'as une idée Raj ?
(Il ne répond évidemment pas.)
HOWARD : (à Leonard). Oh euh, prend Lake Street, et continue tout droit, je connais un super petit sushi bar, et y'a un karaoké.
PENNY : Ouais, ce serait marrant.
HOWARD : (chante). Ma poupée, ma douce laisse-moi.. Oh ma poupée, ma douce laisse-moi... Sinon...
SHELDON : (à Leonard). Je n'ai aucune idée de ce que va devenir le monde mais, par rapport aux gens qui sont dans cette voiture, t'es un véritable dragueur.
(Leonard sourit, Penny rit tandis que Howard continue de chanter).
Fin de l'épisode.